Histoire et législation

La naturopathie naît officiellement aux États-Unis vers 1890 afin de se développer parallèlement à la discipline dont elle est directement issue, l’hydrothérapie.  Jeune discipline ayant vue le jour en plein développement du positivisme scientifique et du renforcement de la position matérialiste, la naturopathie prend ses fondements théoriques et pratiques dans les enseignements d’Hippocrate,  faisant ainsi retour vers une conception antique de la maladie, de la santé et de la guérison. Depuis sa fondation, elle a connu de nombreuses évolutions, du fait de la diversité des cultures, des croyances et des connaissances en partage dans les différents espaces géographiques où elle a ensuite pris racine.

La naturopathie classique, hygiéniste et humoriste (en référence aux humeurs hippocratiques, c’est-à-dire nos liquides physiologiques) se développa rapidement en Europe et particulièrement en Allemagne, en Russie et en France, pays où l’on doit beaucoup aux apports théoriques de P.V Marchesseau et de A. Roux, pour ne citer qu’eux. C’est l’approche naturopathique la plus répandue actuellement dans le monde. Si l’OMS la considère comme la troisième médecine traditionnelle mondiale (MTE), la naturopathie se distingue cependant d’une véritable médecine traditionnelle, d’abord par le caractère récent de sa création, mais surtout parce que celle-ci a toujours souhaité intégrer à l’ensemble de ses connaissances les dernières découvertes scientifiques.

En France, une tentative de synthèse entre la médecine hippocratique, la science entendue au sens large et les médecines traditionnelles d’Asie donna lieu à l’éclosion d’un nouveau courant, celui de la naturopathie rénovée. Cette approche datant de la fin du 20e siècle et développée par André Lafon a ainsi largement contribué à renforcer le versant holistique de la naturopathie en faisant de la prise en compte et du soutien de la sphère psycho-émotionnelle et énergétique des aspects primordiaux de son champ d’intervention et de son champ d’explication. Elle prendra donc ses sources dans la psychologie, la sociologie, l’anthropologie, les neurosciences, la physiologie et plus récemment dans la psycho-neuro-endocrino-immunologie tout autant que dans les textes anciens des traditions asiatiques, védiques et taoïstes principalement.


On peut dès lors définir la naturopathie comme un « système complémentaire complet». Depuis 1997, l’Union Européenne la reconnaît comme l’une des sept médecines non conventionnelles pour lesquelles une harmonisation législative supranationale s’avère nécessaire. Reconnue ou intégrée au système de santé publique dans de nombreux pays, comme l’Espagne, le Portugal, la Belgique, dans cinq provinces du Canada et dans dix états des Etats-Unis, elle bénéficie d’une législation ouverte dans un certain nombre d’autres, comme en Grande-Bretagne ou dans les pays Scandinaves. Dans certains pays comme l’Autriche et le Luxembourg, leur exercice est réservé aux détenteurs d’un diplôme délivré par le corps médical institutionnel.

En France, l’exercice demeure libre si le naturopathe ne fait pas illégalement usage du titre de « docteur en médecine ou en pharmacie », ne pose pas de « diagnostic » et ne propose pas de «bilan de santé», qu’il remplacera par un « bilan de vitalité ». Il n’interviendra jamais directement sur des « pathologies », ne fera jamais de « prescription » mais donnera des « conseils » à ses « consultants », qui ne sont pas des « patients ». Il ne leur proposera jamais un « traitement » avec une « posologie » mais situera bien plutôt son rôle dans le domaine de la prévention et de la correction de      « terrain », et enfin se refusera toute ingérence dans un traitement médical en cours, et ce même lorsqu’il aurait la conviction qu’une modification ou un arrêt de traitement pourrait être pleinement justifiés, seul le médecin traitant pouvant prendre une telle décision. 


On distingue deux étymologies différentes du terme de naturopathie, liées à des racines et à des développements théoriques géographiquement distincts. Selon le courant français porté par P.V Marchesseau, le concept est formé à partir des termes « natura » et « pathos », et fait ainsi référence à ce que l’on ressent, perçoit, vit dans un rapport immédiat à la nature, et à tout ce qui est conçu selon une voie naturelle. Autrement dit, selon une définition de Marchesseau davantage centrée sur la notion de maladie, elle est la discipline dans laquelle « le mal (est) étudié en fonction de la nature ». Dans son acception britannique et américaine, davantage reconnue aujourd’hui, le concept a été forgé à partir des termes « nature » et « path », ce dernier signifiant le sentier. Selon cette conception héritée de B. Lust, fondateur de la première école de naturopathie dans le monde, la naturopathie est la discipline permettant de retrouver et de suivre le chemin de la nature, celle-ci désignant tout autant le milieu extérieur et environnemental que le milieu intérieur et physiologique individuel.